Blockchain

La multiplication des cas d’usage montrera le potentiel de transformation qu’apporte la blockchain

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La France dispose de véritables atouts dans la blockchain et entend bien défendre ses positions, comme le prouve le lancement d’un plan ambitieux par le gouvernement. Les acteurs technologiques prennent aussi leur part dans la constitution des écosystèmes. Si l’agroalimentaire se montre précurseur, le développement d’un large éventail de cas d’usage dans différents secteurs permettra d’illustrer pleinement le potentiel de transformation propre à cette technologie. Explications avec Luca Comparini, leader blockchain pour IBM France.

Pourquoi est-ce important que le gouvernement français annonce un plan blockchain ?

Luca Comparini – Cette démarche proactive et avant-gardiste sur la blockchain montre que la réflexion de l’État et des institutions va plus loin que la promotion d’une simple technologie et de ses usages. Le plan illustre la volonté de soutenir un écosystème pour favoriser la création de filières. Le gouvernement avait déjà ouvert la voie à la blockchain, en 2016, avec les mesures en faveur de l’expérimentation des « mini-bonds » ou bons de caisse, qui se situent à mi-chemin entre les prêts et les obligations. Cette initiative avait permis de commencer à notarier une propriété en remplaçant des registres tenus individuellement par les émetteurs par un registre distribué. Elle a ensuite été élargie, notamment avec la loi Pacte, qui autorise les levées de fonds en cryptomonnaie, sous la responsabilité de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Cette institution s’est d’ailleurs montrée plutôt favorable à la création de valeur à travers l’usage des cryptoactifs et de la blockchain, sans lever toutefois les principes structurants d’un système complexe. L’ampleur de la démarche des autorités françaises au travers du plan blockchain peut être saluée à plusieurs égards. On peut d’abord se féliciter du nombre de représentants du gouvernement qui se sont déplacés pour la présentation d’un plan sur un sujet technologique, ainsi que des fonds et investissements consacrés à cette démarche d’innovation. L’association avec la French Tech est aussi intéressante. On constate une vraie ambition en matière de souveraineté dans la maîtrise de la technologie, même si, dans le monde de la blockchain, la notion de barrière géographique n’a pas grand sens. La France, comme les Pays-Bas, s’est investie très tôt dans la blockchain. Elle a conscience de ses atouts dans ce domaine et veut s’organiser pour aller plus loin en s’inscrivant dans une démarche de Lead by example.

 

Quelle est la contribution d’IBM sur les enjeux de blockchain en France ?

L. C. – IBM est un des acteurs de référence en termes d’applications concrètes liées à la blockchain en France. Le nombre et la diversité des secteurs couverts par les projets développés illustrent une maturité du marché et l’ambition du groupe dans ce domaine. Au premier trimestre 2019, une dizaine de projets étaient développés en France : plusieurs dans l’agroalimentaire, d’autres dans le secteur public, la logistique, l’industrie, la banque ou l’énergie.  Au-delà de l’aspect business, IBM a la volonté de contribuer à une dynamique plus large, de s’impliquer dans les transformation qui structurent les écosystèmes et les organisations, allant vers plus de transparence et de fluidité. Nous voulons aussi accompagner l’enthousiasme que suscite cette technologie. On l’a encore vu en travaillant avec les greffes des tribunaux de commerce, qui sont un parfait exemple d’acteurs traditionnels qui se projettent et s’intéressent fortement aux possibilités d’évolution de leur métier offertes par la blockchain. Ils ont vite compris le potentiel métier en termes de gains de productivité et d’impact opérationnel sur la fluidification des processus ou sur les échanges inter-greffes. La multiplication des cas d’usage montrera toute l’amélioration que l’on peut attendre de la blockchain, au profit de l’utilisateur final. L’une des contributions d’IBM consiste donc à renforcer l’écosystème en construisant avec les organisations françaises un catalogue de plus en plus important de réalisations.

 

Certains secteurs sont-ils plus avancés que d’autres ?

L. C. –   Après les secteurs de la banque et de l’assurance, l’agroalimentaire a bien compris l’intérêt de la blockchain pour répondre aux attentes des consommateurs en matière de transparence et de sécurité alimentaire. Cette technologie facilite la collecte d’informations pertinentes, enregistrées à chaque étape du processus, ce qui permet une traçabilité de bout en bout de la provenance et de la qualité des aliments. Il est d’ailleurs intéressant de voir que, lors de l’annonce du plan blockchain, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s’est intéressé à l’écosystème alimentaire en citant une startup française, Connecting Food, qui a recours à la blockchain pour tracer et certifier les produits alimentaires. C’est une entreprise qui a déjà noué différents partenariats avec les filières alimentaires et nous la connaissons bien. Elle a bénéficié du programme d’accélérateur Scale Zone d’IBM et participe au partenariat entre IBM et l’université de Columbia. Le développement de notre plateforme Food Trust illustre également la maturité du secteur agroalimentaire. Commercialisée depuis octobre 2018, elle a d’abord été adoptée par de grands distributeurs et industriels mondiaux, notamment Walmart aux États-Unis. Début avril 2019, elle était déjà utilisée par 84 clients. Les choix technologiques, basés sur la norme standard du marché GS1, permettent à chacun de travailler sur la plateforme sans être obligé de convertir ses données. En France, une nouvelle étape a été franchie sous l’impulsion de Nestlé et Carrefour, deux membres fondateurs d’IBM Food Trust. Carrefour, qui a intégré le programme Act for Food au cœur de son plan stratégique, avait déjà recours à la blockchain pour la traçabilité du poulet, de tomates, d’œufs… vendus sous sa propre marque. Depuis le 15 avril, la démarche a été étendue à l’un des produits emblématiques du catalogue de Nestlé, la purée Mousline. Un QR code situé sur les paquets permet aux consommateurs d’accéder, sur leur smartphone, à des informations concernant le produit et la culture des pommes de terre de la région Picardie, sa fabrication dans l’usine Nestlé et sa mise en rayon dans les magasins Carrefour. Ces deux acteurs sont certes précurseurs, mais ils préfigurent une utilisation de la blockchain qui va se généraliser dans l’alimentaire. Plus cette technologie se développera sur les marchés de la grande distribution, plus le consommateur final pourra apprécier ses bienfaits !

 

Blockchain Leader IBM France

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